ENTRETIENS

GERALDINE CREVEL (LA FEMME CANON)

 

Géraldine, vous faites du cyclomoteur depuis combien de temps ?

C'est la première année.

Et qu’est-ce qui vous a donné envie de réaliser ces 24 heures de cyclo ?

C'est Jean-Marc Desnut. Je faisais un entrainement de moto. Ça s’est passé il y a 15 jours : je voulais faire de l'endurance en promosport, et comme je n'étais pas prête, j'ai donc accepté de participer aux 24 heures de cyclo.

Ça coûte cher de courir sur un cyclomoteur ?

Pour ma part, je n'ai rien déboursé, sauf mon hébergement.

Vous êtes presque un pilote d'usine ! Oui !

Vous courez sur quoi ? Une Honda.

Privée ou officielle ? Je ne sais pas.

C'est une Honda qui vient de Honda France ou c'est une Honda d’un concessionnaire ?

C’est une Honda de concessionnaire, Monsieur Aline.

 

Ah d'accord. Monsieur Aline, c’est le monsieur qui possède tout le Team-Honda ici ?

Oui, c'est ça.

Donc en fait c'est fui qui est censé avoir reçu les moteurs de Bagnolet, non ? Je ne sais pas.

Qu'est-ce que vous faites dans la vie ? Je suis secrétaire aide-comptable.

Et ça vous laisse du temps pour faire du cyclomoteur ? Ça va parce que j'ai des patrons qui ne rouspètent pas trop !

Et le cyclomoteur, vous vous en servez comment? Pour aller travailler?

Ah non, normalement, je ne fais que de la moto.

Donc en fait c'est presque une première ? Oui.

C'est la première fois que vous faites du cyclomoteur ? Ah oui, absolument I

Et pour l'instant vous êtes classée combien ? On m’a annoncé : 2e.

Et ça ne vous semble pas bizarre. C’est normal ? Si, je suis étonnée !

Ils se traînent sur la piste ? Je ne sais pas. Moi, je double, je double, j’essaye toujours de rattraper quelqu'un.

Il y a toujours quelqu’un à rattraper de toute façon! Vous n'avez pas l'impression que les garçons traînent un peu ?

Oui, à certains moments. Dans les courbes, c'est embêtant de rester derrière...

Vous avez l'impression qu'il y a des machines qui vont beaucoup plus vite que les vôtres ?

Eh bien moi, la mienne elle marche bien. Il y en a d'autres qui marchent plus ou moins.

Je sais que les Kreidler marchent bien...

Il y en a des Kreidler Ici ? Je ne crois pas.

 

Géraldine, seule féminine de la course... et seconde de l’épreuve :

« Je me suis bien amusée »

15 h 45 samedi. Le départ est dans un quart d’heure. Dans le stand Honda, les mécaniciens procèdent aux dernières vérifications. Géraldine, assise sur une chaise en bordure de piste se concentre. C’est elle qui prendra le départ avec la numéro deux. Seule féminine à participer à la course, elle a réalisé le huitième temps qualificatif aux essais. Une place qui laisse engendrer des espoirs.

Huit heures dimanche matin. C’est l’effervescence dans le camp Honda. Leurs quatre machines sont en tête. Géraldine, en deuxième position depuis le début de la course, réalise 1’18" de moyenne à chaque tour. Le meilleur chrono, tout simplement. Allongée sur le cadre, le casque appuyé sur le guidon, elle double dans un style impeccable des concurrents ébahis.

Huit heures 15. Géraldine s’arrête au stand. Les mécaniciens, pilotes et amis lui réservent une véritable ovation. Toute la nuit, elle a imposé sa régularité et sa détermination. Certains pilotes s’interrogent. Leurs efforts pour la suivre sont restés vains.

Géraldine, le visage et les mains rougis par le froid enlève son casque. Une longue chevelure blonde se répand sur ses épaules. Elle reprend doucement son souffle. « Je me sens beaucoup plus à l'aise qu’au départ. Il fallait que je m'habitue au circuit, au tracé très technique. Maintenant je passe plein pot dans des courbes où je ralentissais hier. »

Un pilote de l’écurie s’approche :  C’est incroyable. Dans les virages, elle trouve des courbes pas possible ».

Mais II ne faudrait pas croire que Géraldine s’est subitement imposée comme pilote chevronnée. Habitant Le Havre, elle s’intéresse depuis quelque temps aux compétitions de motos. « Je possède d'ailleurs une 250 cm3 Yamaha R.D. avec laquelle |e m'entraîne sur les circuits. L’année prochaine je disputerai le championnat promo sport et pourquoi pas le Bol d’Or. J’espère me comporter aussi bien qu’aujourd'hui ».

Mais la moto n’est pas comparable à la mobylette. La sélection est plus difficile. Sa participation aux 24 heures n'a été que le fruit du hasard. < Dernièrement, je suis venue m'entraîner sur le Bugatti avec ma 250. Jean-Marc Desnues m'a remarqué et proposé une place dans l'écurie Honda. J'ai trouvé cela marrant et j’ai accepté ».

Et elle ne le regrettera pas. Géraldine se souviendra sans doute longtemps des applaudissements d’un public qui eut bien vite les yeux de Chimène pour la petite pilote de la n°2.

Elle reviendra sûrement l'année prochaine.


SEVAUX (LE VAINQUEUR)

 

Vous venez de gagner les 24 heures de cyclo du Mans, Ça s'apparente à quoi? Une victoire au Bol d'Or?

Non, pas du tout. Parce que avant je faisais la coupe Kawa, pendant deux ans. Pour moi, le Bol d'Or c'est beaucoup plus important que les 24 heures de cyclo, c'est évident. Mais comme je poursuis mes études en ce moment, je ne peux pas tout faire : la moto + les études.

Sinon, c'est amusant cette course. C'est dommage que cette année on ait critiqué notre écurie. Pourquoi on critique l'écurie Honda ? Peut-être parce que l'on est trop bien organisé ! C'est plutôt pour moi une sorte de jalousie qu'autre chose. Pour ma part, j'ai attaqué comme une bête de 4 heures de l'après-midi jusqu’à 8 heures du matin dans la limite, et même la nuit, je tournais en 21/22 tout le temps.

C'est-à-dire le temps des autres le jour?

Pratiquement. Catastrophé partout, on ne voyait absolument rien et limite partout. Il y avait des types qui arrivaient à me suivre pendant deux, trois tours et ensuite ils lâchaient ma roue. C’est-à-dire que je les traînais. Donc ils pouvaient très bien me suivre ou faire aussi vite que moi, et même quelques camarades d'écurie qui étaient très rapides aussi ne le faisaient pas. Donc si ils contredisent une victoire, il faut qu'ils s'en prennent à eux-mêmes.

 

Il y a pas mal de gens qui trouvent que vos machines sont très rapides en ligne droite ?... 

Eh bien, on va les démonter, on va bien voir ce que ça va donner!

Oui, c'est la meilleure réponse à faire ! Moi, j'ai vraiment l’esprit tranquille.

A combien vous revient une course comme celle-là ? A moi, rien. Puisque c'est Honda qui finance le tout, et prête les machines.

On a déjà gagné l’année dernière, et si c'est possible, on remet ça l’année prochaine.

Tu as quel âge ? 22 ans.

Et tu penses que l’ambiance n’est pas sympa?

Non, ce n'est pas exactement ça. Je regrette le phénomène de jalousie qui existe entre les écuries. On nous considère comme des cas à part. C'est assez ennuyeux. On fait ça pour s'amuser.

C’est un peu compréhensible! Vous vous trouvez pratiquement avec une équipe d'usine.

Non. Honda-France prête trois machines à Alline. Il les a montées et nous fait courir dessus. Bon il n'est pas obligé de le faire c’est pour se faire plaisir et à nous aussi. Tout le monde y trouve son compte. Il est bien évident que si je ne courais pas pour Aline, ça me coûterait de l'argent donc pour moi aussi c'est intéressant.

Est-ce que tu as une idée de ce que ça coûte aux autres pilotes cette course ?

C’est très variable. Il y a différents cas.

J’ai par exemple des amis qui payent tout eux-mêmes, ils ont acheté une mobylette spécialement pour les 24 heures, et puis il y a d'autres participants qui réussissent à trouver des sponsors.

Et tu penses que c’est facile de trouver des sponsors pour faire 1 les 24 heures de mobylette ?

Oui, dans la région c'est possible. Il y a plusieurs équipages qui ont couru aux moindres frais pratiquement.

Le fait qu'il y ait eu des jalousies, est-ce que ça a attiré des velléités ?

Oui, je me suis fait siffler à l’arrivée, etc.

J’avais une machine rapide, c'est exact, mais si ils sont de bonne foi, ils peuvent admettre que pendant la nuit c'est moi qui passait fort dans les courbes.

Sur la piste, il n’y a pas eu de problèmes ? Si quelques gênes, mais pas volontaires, je pense.

Pas de chute ? Si, je suis tombé une fois.

Et votre coéquipier? Deux fois. On a perdu dix minutes.

Pas d'intervention mécanique ? Non. Mais en réalité je ne sais pas, parce que moi je ne m'occupe pas du tout de la mécanique, puisqu’il y a des mécaniciens pour ça. Il faudrait demander ça au chef de stand.


Jean Michel HERY

Peugeot 103 n°57

Unique participation pour Jean-Michel,

 

qui conserve peu de souvenirs de sa participation, pour la bonne raison que son expérience fût courte car non qualifié.

Jean-Michel était venu avec une bande de copain, dont Richard Guerin son équipier, lequel avait déjà une expérience de la course en participant à des courses plus courte au guidon de mob proto.

Dans le cas présent c'était sur la 103 personnelle de Jean-Michel que cette équipage s'alignait le vendredi pour les essais des 24h.

Jean-Michel a conscience qu'ils manquaient de préparation générale et que leur organisation était un peu juste pour une épreuve de 24h. Comme le dit Jean-Michel "je ne sais pas comment cela se serait passé si nous avions été qualifiés".

Petite anecdote. La photo montre Jean-Michel de retour d'un essai sur route de la machine. Parti pour effectuer un rodage segments/cylindre sur un tour du grand circuit (portion ouverte à la circulation). Serrages dans les Hunaudières ! "Mauvais choix de jeu, va falloir corriger."


LES FRERES BARRIER

C'est la première fois que tu fais les 24 heures de cyclomoteur ?

Oui.

Qu'est-ce qui t'a amené à faire ça ? 24 heures sur un cyclo c'est quand même un peu fou, non?

On avait décidé de le faire depuis longtemps, les copains et moi. On avait déjà tenté notre chance l'année dernière et nous n'avions pas été qualifiés. Alors cette année, on a remis ça !

Et ça coûte cher de participer à ce genre de course ?

Oui assez. Heureusement que l'on est un peu sponsoré.

C'est facile de trouver des sponsors pour les 24 heures ?

Pas tellement, non.

Ça vous coûte combien une course comme celle-ci ? Ça se chiffre par centaine de mille !

Combien exactement ? Au minimum 600 000.

Et vous arrivez à trouver combien d’argent au niveau des sponsors ? 200 000 peut-être.

Et c'est toi qui finance tout, ou c’est vraiment une équipe de potes ? Non, je ne suis pas tout seul, on met tout ensemble.

Et qu'est-ce qui t'a poussé dans le choix de ton cyclo? Qu'est-ce que tu as comme cyclo ?

Moi, j'ai une moto normalement. Mais aujourd'hui pour courir j'ai un TS1 Peugeot.

On a fait des essais dans un grand marché, un peu comme les Halles de Rungis, et puis on s’est aperçu qu'il avait une bonne garde au sol et qu'il tenait pas mal la route.

Et sinon tu roules souvent en cyclo ? Non rarement. Autant dire jamais.

C'est amusant parce que le plupart des gens qui courent ici roulant rarement sur cyclos. Ils font presque tous de la moto.

Oui presque tous. Mais j'ai des copains qui tournent toute l'année en mobylette. Moi personnellement, je roule toujours en moto.

Qu'est-ce que ça t'apporte une course de 24 Heures comme ça ? Voir ce que je suis capable de faire... l'endurance.

Tu finis combien ? 15e. Nous étions 28e et puis on est remonté jusqu’à la 13e place et puis on a chuté, alors on est retombé à la 15e place.

Des ennuis mécaniques ?Oui pas mal, la bougie, le flotteur, le gicleur bouché, la couronne qui n'était pas bonne, on a été obligé de changer tout ça.

Crevés, mais contents? L'ambiance sur la piste ? Pas trop de « vacheries » ? Pas mal.

Les types ne sont pas sympas ? Des portes fermées en quantité.

De Jour ou de nuit ? De jour plus. La nuit moins, les gars n'attaquaient pas.

Et qu'est-ce que tu penses de l’ambiance générale sur le circuit ?

Il y a pas mal de gars qui s'entraident, c'est assez sympa.

Facilement d'un stand à l'autre, on se prête les outils ? Oui, disons que ça peut aller.

Tu penses le refaire l'an prochain ? Peut-être, mais à trois pilotes. Il faut un suppléant, parce que cette année, à deux, c'était trop dur.

Il faut combien de temps pour préparer la machine ? Tu commences la semaine prochaine ?

Oui presque. Disons que pour préparer une mobylette, c'est quand même assez dur. En principe, d'après le règlement, c'est interdit de trafiquer les machines, alors on s'est conformé au règlement. Mais on a pu constater que tout le monde n’en avait pas fait autant.

Qui par exemple ? Je ne vais pas citer de noms !

Si : des marques ? Honda par exemple. On ne peut pas affirmer puisqu'on n'a pas été vérifier les moteurs, mais d'après les vitesses de pointe qu'ils faisaient...

Nettement plus vite que vous ? Ah nettement plus vite. Dans les lignes droites,  en aspiration on ne pouvait pas les suivre.

Tu as quel âge ? J’ai 19 ans 1/2.

Et le cyclo pour rouler en ville, ça ne te tente pas du tout ? C'est juste amusant pour faire ses courses comme celle-là...

Et tu fais d’autres courses de cyclo ? Oui entre copains comme ça, le soir, dans les rues isolées. On fait ça entre nous.

 


GASCHET (LE PLUS MAL LOTI)

 

 

Gérald Gaschet, 24 heures sur un cyclomoteur ce n'est pas un peu fou ?

Oui c’est fou, mais c'est amusant, très divertissant. C’est un très bon truc, surtout pour les jeunes. C’est une course qui est organisée avant tout pour les jeunes, et c'est sympathique qu’un jeune puisse se « défoncer » pendant 24 heures sur un cyclo, ce qui n’est pas faisable partout, en particulier dans la région parisienne.

 

Vous atteigniez quelle vitesse avec vos cyclomoteurs ? Ce sont des cyclomoteurs d’origine ?

Normalement ce sont des cyclomoteurs strictement de série, ils sont tous bien-sûr « améliorés » un petit peu « en bonne santé, disons ! Les pilotes roulent très fort.

 

Qu'est-ce que vous faites dans la vie ?

Moi, je suis agent technique en électromécanique.

 

Et vous consacrez beaucoup de temps à la préparation des cyclomoteurs ?

 

Je participe à toutes les courses de cyclomoteurs dont j’ai connaissance. Je passe environ trois à quatre heures par jour minimum dans mon atelier toute l'année à préparer ma machine, samedi et dimanche.

 

Et vous faites combien de courses dans l’année ?

Je fais à peu près une dizaine de courses. Toujours sur des cyclos, vélosolex en tout genre. Chaque course a son propre règlement et il faut presque préparer spécialement une machine pour chaque course.

 

Bien. Vous courez donc sur des Solex, et aujourd’hui qu'est-ce que vous avez comme machine ?

Pour les 24 heures, j'ai une Motobécane, une ancienne machine...

 

C'est cette vieille Mob que l'on voit tourner, qui a renversé de l'huile partout sur la piste...! ?

Ce n’est pas de l'huile, c'est de l'essence ! C'est une machine que l'on a voulu me refuser au départ. Il y a eu des plaintes portées contre moi parce que ma machine était trop vieille. Le Team Honda, par exemple, voulait que nous soyons disqualifiés pour cette raison. Théoriquement, la machine présentée doit faire partie du catalogue du constructeur. Il y a donc eu ambiguïté au sujet du règlement, et les organisateurs voulaient nous interdire de courir.

 

Elle est de quelle année votre machine ?

1957 ! Et elle tourne encore !

 

Vous avez fait quel temps aux essais ?

Nous avons fait le 7e ou 8e temps aux essais. Elle ne marchait pas tellement bien. Depuis la première heure, on a descendu le temps des essais et je pense qu'on a dû prendre le record du circuit.

 

Et qui vous fait la mécanique pendant que vous courez ?

Ce sont les pilotes eux-mêmes qui, lorsqu'ils s'arrêtent, s'occupent de leur machine.

Pour ma part, je suis privilégié puisque j'ai avec moi le fils Krajka et des jeunes de Rouen, disqualifiés parce qu'ils se présentaient avec des machines strictement de série...

 

Disqualifiés avec des machines de série !! Pouvez-vous nous expliquer çà ?

Eh oui, avec une machine strictement de série, on ne peut pas se qualifier, il faut tourner plus vite. Alors il faut « gonfler », il faut tricher... C'est comme dans toutes les courses de promosport, c’est celui qui triche le plus qui gagne. Mais bien sûr, il ne faut pas que ça se voye !

 

Et vous compter arriver à finir ? Pour l'instant sur une heure et demie de course, vous vous êtes arrêtés trois fois au stand et combien de chutes... ?

Oui, c'est cela, trois arrêts au stand et deux chutes personnellement.

 

Et votre coéquipier ?

Mon coéquipier n'a pas encore chuté mais ça ne saurait tarder...

 

Et vous ne trouvez pas que sur une heure et demie de course, ça fait beaucoup d'arrêts ?

Si. C'est beaucoup trop. On ne doit pas s'arrêter, normalement. Aucun arrêt.

Mais on a eu des petits ennuis de carburation au départ. Puis j'ai donc fait une 1re chute voulant éviter un « collègue » qui tombait devant moi, et une 2e un peu après. Maintenant notre machine n’est plus en très bon état.

DIDIER RICHARD CHAPELIER (LE CHAMPION DU CLUB) n°12

 

Didier, la course de 24 heures vient de se finir, tu es complètement crevé ?

Oui, fatigué. J’ai mai surtout derrière les genoux à cause des jambes pliés, et au cou. Evidemment tout le corps est fatigué mais ça peut aller.

 

Qu'est-ce que tu penses de ces 24 heures ? Qu'est-ce que ça t'apporte de faire ça ?

C'est un plaisir personnel. C'est tout. On ne fait pas ça pour gagner.

 

Est-ce que tu penses qu’une course comme ça, c’est aussi Important pour les types qui ont entre 16 et 20 ans que la Bol d'Or

Ah oui ! Pour moi, oui.

 

Donc en fait finir classer dans cette course, c'est comme si tu faisais la Bol d'Or ?

Exactement oui. J’ai pas les moyens de faire le Bol d'Or, et toutes proportions gardées, c’est exactement pareil. On se traîne à 60 km/h sur des engins sur un petit circuit alors qu'au Bol d’Or, ils tournent plus vite, mais c’est tout !

 

Est-ce qu'il y a des bourdes qui sont semblables à celles du Bol d'Or ? 

Oui. Il y a des bagarres. C'est souvent sympa. Pas trop de « vacheries », ça peut aller.

 

Est-ce qu'il y a de grosses différences entre les machines ?

Ah oui, c'est flagrant ! En ligne droite, on ne peut rien faire.

 

Est-ce que tu fais d'autres courses de cyclo ? Non.

 

Tu fais exclusivement les 24 heures ? C'est la première fois que j'y participe. Et si c'est possible, j'aimerai bien les refaire l'année prochaine.

 

C'était difficile pour être qualifié ? Cette année c'était un peu meilleur que l'année dernière. Nous n'avions pas pu être qualifiés.

 

Ça revient cher une course comme celle-là ? Oui.

 

A combien ? Pour moi, ça ne me coûta rien puisque je suis affilié à un club. C'est le club qui a financé la machine, les inscriptions, etc.

 

Et ça leur revient à peu pris à combien ? 700 000.

 

Ça nécessite beaucoup de matériel, pièces de rechange ? Oui, bien sûr. On peut être obligé de changer de couronne en pleine course.

 

Tu as le droit de tout changer ?

Ah non. Le cadre, la culasse, la chemise et le carter moteur n'ont pas le droit d'être changés. Sinon, tout le reste peut être changé.

 

Et l'année prochaine, si tu le refais, tu seras à ton compte ou pour le dub ? Pour le club, je pense.

 

Le club vient assurer la mécanique ? On essaye de prendre le maximum de jeunes.

 

Tu as quel âge ? 17 ans.

 

Tu attends de passer à la moto ? Si possible, oui.

 

Mais tu as l'intention de faire d'autres courses de cyclo ? Oui bien sûr.

 

Est-ce que tu es au courant des autres courses de cyclo qu'il y a dans l'année ? Non, je suis mal informé.

 

Et ça t'intéresserait d'être au courant ?

De toute façon il faut avoir les moyens. Ça coûte très cher : la mobylette à acheter, les pièces, etc.

 

Et au niveau alimentation, comment ça se passe ?

C'est le club qui achète tout. On fait la bouffe dans le camp avec un butagaz bien que ce soit interdit.

 

Qui prépare à manger ? Ce sont les filles.



 

CYRIL pilote du club AN 2000     « Nous c’est pas triste »

« Non de Dieu, je commence à en avoir ras-le-bol de cette machine. Je me traîne en ligne droite comme c’est pas possible ». Cyril, un dur de la bande à Jean- Yves, le président du club de l’an 2000, cogne de rage sur son réservoir lors d’un ravitaillement. Il ne tire rien de sa « bécane ». Son frère Thierry prend aussitôt le relais et améliore le temps de passage de cinq secondes. Jean-Yves se marre « Je ne crois pas que cela vienne de la machine ».

Depuis sept heures, l'aventure continue. Engagés dans ces « 24 heures » avec des moyens de fortune (les combinaisons sont en simili-cuir-caoutchouc, rafistolées), les quatre pilotes du club, Cyrille et Thierry Barrier. Didier Richard et Christian Chapelier se comportent admirablement, encouragés par toute l’équipe. Les filles sont au chro no. Les gars à la mécanique. A chaque tour, une main charitable tend un tableau annonçant les temps réalisés. Mais il ne faut pas toujours s’y fier. Richard, sur sa Peugeot, avait pourtant l'impression de tourner régulièrement en 1 mn 24. Au dernier tour, le tableau annonçait 1 mn 60. Le tour d'après 1 mn 12. A n’y rien comprendre. Mais le sourire hilare du chronométreur lui permit de flairer la blague.

« Chez nous, c'est pas triste » admet Jean-Yves. « On n’en a rien à fiche du classement. Il suffit de terminer. Le seul embêtement, c'est que mes gars consomment beaucoup plus que leurs machines. A chaque ravitaillement ils dévalisent carrément la cantine ».

 

Pour Jean-Yves et sa bande, les 24 heures de cyclo sont une aventure comme une autre. Le tout est de ne pas se prendre trop au sérieux.

Une rencontre très revigorante.

 


 

CHEMARIN Jean-Luc (le petit frère de l'autre)

 

 

Le «  Bol d’Or » cyclomoteur, quelle impression ça fait ?

Dur, surtout la nuit. Avec l'éclairage très faible. C'était pénible.

 

Est-ce que c'est dur de s'appeler Chemarin ?

Oui il vaut mieux l'oublier !

 

Tu finis à quelle place ?

On finit 9e. On est remonté jusqu’à la 3e place et puis on a serré une bielle.

 

Et qui avait engagé les motos ?

A.C O., l’école de pilotage directement.

 

Vous êtes tombés ?

Moi j'ai chuté 10 fois, et mon coéquipier trois. Avec l'éclairage, on a eu des problèmes, des trous noirs pas possibles. Et on a attaqué, alors quand on attaque on tombe !

 

Est-ce que tu peux faire un parallèle entre le Bol d’Or et les 24 heures de cyclo ?

Ce n’est pas pareil.

 

Est-ce qu'il faut la même résistance physique 

Non pour cette course, je n'étais pas préparé du tout. Ce ne sont pas les mêmes conditions. C'est comme un jouet.

 

Tu as quel âge ? J'ai 21 ans.

 

Et tu roules en cyclo ? Non même pas. Jamais. Cette course, c'est pour rigoler.

 

Quelle ambiance dans le stand ? Calme. Ce n'est pas le Bol d'Or! Pas la même mentalité. Il y a pleins de réclamations.

 

Elles sont dues à quoi ?

Pour les places. Et beaucoup de vacheries sur la piste. Ils ferment les portes. !!!

Volontairement ou non. Ils prennent la place, même si ils vont moins vite. Moi, j'ai fait un an de trophée, c'est autre chose. Ils ferment trop, ils ferment tellement que c'est parfois la chute je suis tombé une fois à cause de ça.