1988

Placée dans le calendrier du national cyclo juste à mi-saison, l'épreuve d'endurance des 24 heures du Mans revêt chaque année un caractère particulier et la dernière édition, riche en rebondissements, n'a pas échappé à la règle. En remportant, les 7 et 8 mai derniers, cette épreuve incomparable, le team Jubault, composée du très jeune Philippe Gessati, du jeune Jean-Pierre Pacherie et du moins jeune mais non moins talentueux Philippe Pelletier, tous 3 sur un 51 MBK doté du nouveau Bidalot, apporte au concessionnaire du Perreux, René Jubault, une superbe victoire qui vient effacer plusieurs expériences passées assez malheureuses. Les spécialistes se souviennent que l'an dernier, c’est à cause d'un abandon aux 24 heures que Jean-Pierre Pacherie perdit toute chance de conquérir le titre du Groupe 2. Comme quoi, en compétition, il n'est jamais inutile de persévérer. Tout vient à point à qui sait attendre. Eh hop, le championnat est relancé...

Départ avec la n°2 du Team Chalet qui part en tête
Départ avec la n°2 du Team Chalet qui part en tête

La régularité paye

30 concurrents au départ, 20 à l'arrivée Un pourcentage assez élevé qui témoigne de l'excellente préparation des machines engagées.

 

Les 24 heures du Mans ne ressemblent à aucune autre compétition cyclos. C'est ainsi que dès le jeudi soir, la majorité des équipages est déjà présente dans le parc des concurrents qui jouxte la piste de karting Alain Prost, anciennement appelée la piste de la Maison Blanche. Cette année, ils étaient environ 50, dont une énorme majorité de 51 MBK, à venir «pointer» aux contrôles techniques. Le circuit ne pouvant contenir que 30 pilotes simultanément, je vous laisse imaginer la tension et l'ambiance un peu spéciale qui planaient durant toute la période des qualifications. Pas question de se rater ! Le moindre réglage défaillant, le plus petite chute, un mauvais départ, et il n'en faut pas plus pour anéantir en quelques secondes plusieurs mois d'espoir, d'attente de préparation mécanique et... morale. Qu'à cela ne tienne, la course c'est la course. Seuls les meilleurs sont admis, les non-qualifiés devant se contenter de rester derrière les barrières en rêvant pourquoi pas, à la prochaine édition ! Comme il fallait s'en douter, cette année : «pas de problème» ! Tous les cracks de la spécialité ont réussi sans encombre à passer le cap des qualifs. L'endurance fera la différence. Tout le monde s’attend à une surprise car aux 24 heures rien n'est joué d'avance.

 

La régularité, Ça paye !

Le Peugeot XG2 ici piloté par Eric Chéron auteur de la pole position pouvait espérer mener la vie dure aux MBK, et le pari était bien lancé,...
Le Peugeot XG2 ici piloté par Eric Chéron auteur de la pole position pouvait espérer mener la vie dure aux MBK, et l'exploit était à leur porté.

Coup de théâtre

Le XG2 CGN vient d’abandonner sur bris de vilebrequin. Eric Nouzille, comme toute l’équipe Peugeot, ne peut cacher sa déception.

Les nombreux spectateurs qui s'étaient déplacés pour assister au départ de la plus prestigieuse compétition cyclo française n'ont pas eu à attendre longtemps pour assister aux premiers rebondissements. 2 tours après que le directeur de course de l'ACO eut baissé son drapeau pour laisser, comme le veut la tradition, les pilotes rejoindre leurs machines, le leader du championnat, Stéphane Massé s'arrête déjà à son stand en proie à des soucis d'allumage. Ça commence bien ! Dès la première heure, le 51 du team Jubault, Gessati/Pacherie/Pelletier est pointé en tête de l'épreuve, juste devant le très brillant Peugeot XG2 du team CGN piloté par le nantais Eric Nouzille et les 2 manceaux Eric Cheron et Philippe Roguet. Super à son aise sur cette piste très sinueuse, le 103 CGN. au fil des tours, montrera toutes ses capacités (quel dommage qu'il soit si seul !), prenant même la tête, de la deuxième à la cinquième heure. Ce baroud d'honneur se terminera plus tôt que prévu, une bielle défaillante en ayant décidé autrement. Cet ennui technique n'alla d'ailleurs pas sans déclencher un parfum de scandale car le commissaire technique autorisa la réparation de la casse (le règlement des 24 heures stipule que le changement du vilebrequin est interdit), afin de laisser l’équipage Peugeot aller jusqu'au bout de la compétition et alors que personne ne s’y attendait, la direction de course décida de mettre le 103 XG2 hors course après que celui-ci ait déjà repris la course depuis une petite heure. Dans le clan Peugeot, la consternation a vite laissé place à l’indignation. Toute une séance de mécanique pour rien ! 

Les vainqueurs sur la plus haute marche de cette 14ème édition, l'équipage Ph Gessati, JP Pacherie et Ph Pelletier.

Piste Alain Prost

La piste Alain Prost, un véritable paradis pour les cyclos qui peuvent y tourner en toute sécurité.

L'abandon du Peugeot permit au team Jubault de reprendre la direction des opérations et cela, jusqu'à la 15ème heure de course. En effet, au petit jour; alors que la piste était encore complètement trempée à cause des orages qui n’ont pas cessé durant toute la nuit, Philippe Pelletier chuta assez lourdement et se brisa une clavicule. Pour Philippe, les 24 heures se terminent là. Plus grave, cette gamelle, dans une catégorie où il courait hors classement, va l'empêcher de rouler à Salbris pour le national G3. Cela remettra certainement un peu de piment dans un championnat G3 un peu fade Profitant de la circonstance, la machine Mobchop pilotée par Stéphane Massé, Thierry Primaud et Pascal Fourel, passe en tête et la gardera durant 5 heures. (NDLR : depuis le temps que Didier Thomas courent après une victoire aux 24 heures du Mans !). Des ennuis incessants d'allumage (7 bobines changées, rien de moins) allaient ruiner tous les espoirs de Stéphane Massé et de ses 2 copilotes qui termineront tout de même 4ème, après avoir chercher partout dans les box la bonne bobine !

Alors que personne ne s'attendait à un sursaut d'orgueil venant du clan Jubault (le moral était à zéro suite au transfert de Philippe Pelletier au centre hospitalier), Pacherie et Gessati firent un forcing de toute beauté en fin de course et ne laissèrent aucune chance à quiconque. Une très belle victoire du team Jubault ! Philippe Gessati, le plus jeune pilote des 24 heures a montré que dans les moments difficiles on pouvait compter sur lui et qu'il était arrivé à une certaine maturité. Jean-Pierre Pacherie, de son côté, reprend espoir et, s’il retrouve en vitesse le mordant qui était le sien la saison dernière, bon adversaire n°1 Stéphane Massé pourrait bien avoir du souci à se faire pour la suite du championnat. Basle, associé à Prudhommeaux et Leschot obtient une très honorable seconde place. Bonne opération pour le Rennais Christophe Basle qui revient dans le Top 5 après sa déconvenue de Valence. Christophe Chevallier, qui roulait avec Raoul et Thierry Cheron, grimpe lui aussi sur le podium de ces 24 heures. Ces 3 garçons auraient certainement dû mieux figurer s'ils n'avaient pas été handicapés par l'extrême jeunesse de leur machine Ils avaient reçu le moteur la veille ! A noter pour conclure l'exploit de Pascal Fourel qui a pulvérisé le record du tour détenu par Eric Cheron depuis l’an dernier. D'une minute 1 seconde, le meilleur temps de la piste ACO est passé à 59 secondes 80 !


Stéphane Masse sur le MBK 51 Mob Chop
Stéphane Masse sur le MBK 51 Mob Chop