TEMOIGNAGES 1983

Voici des témoignages recueillis d'aujourd'hui ou de 1983 de pilotes ayant pris part à cette édition.

Louis GARNIER

Honda Camino n°5

Multiple participation pour Louis.

Cette année nous le retrouvons sur un Honda Camino.

 

« Il n’y a pas loin du capitole à la roche tarpéenne » moralise la sagesse romaine. Louis Garnier, le grand malchanceux des dernières 24 Heures du Mans cyclo en sait quelque chose.

 

Troisième l’an dernier après avoir mené de bout en bout et avoir cassé dans la dernière heure avec son coéquipier Chéron, le Manceau a dû faire peau neuve à la suite d'un sérieux différend avec l'écurie Blanchard.

 

Abandonnant Motobécane grandissime favori de l’épreuve, Garnier se retrouve cette année au guidon du Cendrillon de l'épreuve, la Honda Camino n°5 de A. Bougent.

 

Les essais ne se sont pas avérés enthousiasmants, c'est une évidence : en proie à de sérieux problèmes de carburateur, le coéquipier de Garnier, Gérard Bougent, n'a pu réussir que le temps médiocre de 1’12 ; Louis Garnier, réussissant pour sa part 1'10. L'équipage s’est retrouvé dernier qualifié du groupe 2 avec le temps moyen de 2’22"9.

 

Dans ces conditions d’anonymat total et en tenant compte du manque de compétition de la machine, que peut donc espérer I’équipage de A Bougent ? « Terminer dans les dix premiers »  s’entend-on répondre avec conviction et optimisme

 

Pour atteindre cet objectif déjà fort honorable. Louis Garnier compte beaucoup sur la fiabilité d'une machine qui manque certes de puissance, mais qui devrait pouvoir s’affirmer dans une course d'endurance.

 

Les moyens sont en tous cas affichés : Réaliser une course d'attente et compter sur des événements indirects, comme la casse adverse ou extérieurs comme la pluie, car je suis très à l’aise sur terrain mouillé. Mais il ne faut pas tout de même pas rêver car cette première        course sera pour Camino une période de mise au point qui aura valeur de test.

 

Un test qui a bien failli ne pas avoir lieu si on considère le qualification laborieuse de toute l'équipe de la seule Honda Camino demeurant en lice, la deuxième ayant abandonné lors des essais.

 

Passé de la position de favori à celle de petit outsider devant se contenter d’une course d’opportunisme. Louis Garnier se retrouvera en tout cas libéré de toute pression : une excellente occasion de prendre sa revanche sur une année de malheur.

(Extrait de la presse locale)

Christophe DOUCET

Peugeot 103 Gr 1

Seule et unique participation pour Christophe mais que de souvenirs même 37 ans après.

 

"C'était d'ailleurs ma 1ére course en cyclo. Tous les jeunes manceaux de l'époque voulaient participer aux 24. D'ailleurs, en regardant les engagés, il y avait beaucoup de sarthois.

 

C'est avec mon 103 de tous les jours que nous avons participé avec mon pote de collège Régis Rafé en catégorie Groupe 1, soit Origine.  Une catégorie très relevée cette année avec la présence officielle de 3 Cycmo dont 1 pilotée par le duo Lallement et Guintoli. C'était des vrais "cyclos de course homologués". Des avions de chasse...

 

 J'avais 18 ans , je travaillais dans le commerce et le samedi, pendant ma pause entre 12h et 14h, je filais à la piste A.Prost ( qui s'appelait d'ailleurs piste de karting ACO Maison Blanche à l'époque), pour enquiller des tours et progresser.

 

Nous avions préparé notre machine avec Philippe Roguet, un autre copain du collège, qui courrait en groupe 2 normalement, mais une fracture récente du bras l’empêcha de courir cette année là. Il sera donc notre mécano en chef !

 

Après s'être qualifié directement sans passer par les repêchages, nous avions fait pas mal d'erreur en début de course ( gestion du traffic pour des débutants ), chutes, ravitaillement désordonné. Je m'en souviens bien tellement c'était le bordel......😂😂😂😂

 

Durant la nuit, nous avions trouvé notre rythme, mais une amorce de serrage nous fit perdre pas mal de temps dans les stands. Après avoir résolu le problème en démontant la bougie, et en versant de l'huile directement dans le cylindre, nous entamons le deuxième tour d'horloge. Plus de soucis, on tournait dans de très bon temps de course quand, à 2h30 de l'arrivée, un serrage moteur me stoppa net dans le pif paf suivant la ligne droite de départ. Nous avions purement et simplement oublié de remettre de l'huile de temps en temps dans le moteur... Abandon officialisé à la 22ème heures. 

 

Autre anecdote, en pleine nuit, je suis sorti un peu large et dans l'herbe , je me retourne pour voir si je ne gênais personne en reprenant la piste, et plouf, la tête la première dans la seule mare du circuit, au cœur du "secteur de l'escargot". A mon retour au stand, personne n'a compris pourquoi j'arrivais trempé😂😂😂

Voilà pour ma seule expérience du Mans et du groupe 1 , car par la suite j'ai fait plusieurs courses du championnat de France d'endurance en groupe 2 et avec Philippe Roguet. Carole, Dreux, Guingamp, Fontenay le Comte et j'en oublie."

 

Documents d'époque des participants
Documents d'époque des participants

Et voilà ce que ça peu avoir comme conséquence une décision du collège des commissaires de piste. Ca coûte cher.



Michel RAGOT – Serge LE MAP

Motobécane 51 le Mans série n°80

 

Serge 21 ans et Michel 19 ans 

 

Là pour apprendre

 

Pour la grande majorité des participants , ces 24 heures sont l’occasion de connaître certaines sensations, l’ambiance bon enfant liée à un petit côté « pro » faisant planer dans l’enceinte de la piste de karting une odeur difficilement définissable, mais qui a les accents de la jeunesse et de l’ambition…

 

L’ensemble des compétiteurs étant là pour se familiariser avec la compétition et son organisation et si possible suivre les traces d’un illustre prédécesseur , le sarthois Thierry Rapicault, aujourd’hui pilote officiel Yamaha Sonauto – Gauloises dans le continental circus.

 

Mais dans cette terrible bataille que se sont livré durant les essais les deux marques de pointe françaises, nombreux sont ceux qui « ramaient » comme des fous à la recherche des dixièmes, ces fameux dixièmes qui qualifieront ou élimineront mais qui malheureusement ne se gagne pas obligatoirement à la force du poignet, mais plutôt à celle du porte-monnaie.       

 

Pour saisir un peu plus ce contraste, il était intéressant de connaître les motivaions, les ambitions et les additions. Michel Ragot et Serge Le Map sur leur motobécane (n°80) engagée dans le groupe 1 font partie de ces anonymes qui attendront avec anxiété le verdict chronométré. « C’est notre première expérience. Cela fait un bon mois que nous préparons cette course et depuis une semaine, nous travaillons toutes les nuits pour être fin prêts. Le cyclo, une motobècane type le Mans de série appartient à Michel, sinon tout le reste des dépenses a été partagé en deux (400 F d’amortisseurs, 350 F de pneus, 400 F de pièces de rechange et 2500 F d’inscriptions, de licences et combinaisons »).

 

Un investissement de départ relativement considérable pour des jeunes qui n’ont pas forcément les moyens, les résultats tardant parfois à venir. « Heureusement que nous travaillions tous les deux, sinon…

 

D’autre part, nous avons bénéficié, commentait S Le Map, de précieux conseils de M Trassart (concessionnaire, place Washington), mais se qualifier n’est pas chose facile lorsqu’on prend la piste de l’ACO pour la première fois ». D’où quatre chutes sans gravité mais préjudiciable à la mécanique pour notre interlocuteur.

 

« Quel que soit le verdict final, nous aurons appris des tas de choses qui nous serviront pour l’avenir, car notre objectif est de transformer cet engin de série en proto pour l’année prochaine ».

 

Mais à 19h22, la délivrance intervenait avec l’officialisation des qualifiés. « Super… Michel a remarquablement tourné… Nous allons pouvoir faire appel à tous nos copains pour nous assister dans ces 24h ».  Les copains allaient pouvoir enfin quitter le domaine du rêve pour celui de la réalité… Pas une mince affaire, mais en final ils terminèrent à la 18ème place de cette course.