1989

Accrocher à son palmarès une victoire aux 24h du Mans est presqu’aus­si important qu’un titre de champion de France. Cette 15éme et dernière édition de l’histoire est marquée par un cruel manque d’engagés au départ, mais la course en tête a été une succession de belles bagarres mais restera comme l’épreuve de tous les records.

 

Cette année-là cette édition ne compte pas pour le championnat de France provoquant une désaffection de nombreux pilotes. Conséquence directe, tout le monde est qualifié.

Les teams ont souffert de la grosse cha­leur et de la cadence infernale de la course.

Il faut savoir que ce type d’épreuve demande plus de 120 bénévoles pour assurer la sécurité et le bon déroulement de la course.

Peugeot : un goût d'amertume

Etre en tête pendant presque vingt heures et céder la victoire pour un tour de piste à cause d’une chaîne qui saute dans la der­nière demi-heure, c’est dur-dur. C’est donc les pilotes du MBK-Motorelec-Mob Chop (Rota Nodari – Nicolas Berthomé - Pascal Fourel) qui remportent la palme à l’issue d’une course haletante. Les vainqueurs ont gagné un voyage pour 3 personnes afin d'assister aux 24 heures de la Réunion.

 

Cette victoire avec du recul n’a que plus de saveur en sachant que c’était la dernière édition des 24h.

 

Donc, pas vraiment de chance pour la Peugeot de Masse/Nouzille/Lhoest qui sont passés très près de la victoire. Il faut rappeler pour l’anecdote que ce team était le lièvre engagé par Peugeot au départ de cette course. Et le pari a bien failli fonctionner, au regard de l’hécatombe de la concurrence avec 50% d’abandons. La victoire échappe à Peugeot depuis 1983. L'ossature du team Peugeot paraissait celle pouvant offrir les plus grandes garanties de victoire (un XG2 bien préparé, ça marche fort).

 

Quant aux autres favoris du départ diverses infortunes sont venues troubler leur marche en avant, à commencer par Rekiba/Guyot/Khun (Team Zonzon motos) qui ont perdu leurs espoirs dès le début de course des problèmes de transmission qui les relèguent à la 7ème place, tandis que Pacherie/Comisso/Caubel ont fait une petite erreur tactique. En effet, dans le team Jubault, on a préparé un moteur d’endurance, et on a prévu un changement de chaîne et de pneus au petit matin pour prendre la tête dans les dernières heures. Malgré le super temps de Trois minutes cinquante (pour le plein, le graissage vario, le changement des deux roues et de la chaîne) les tours perdus ne seront jamais rattrapés. Les deux équipages de tête ne vont pas baisser de rythme, même avec des pneus dégradés. Les Michelin gomme tendre neufs, ne feront pas la différence sur les Continental avec lesquels les deux premières machines se hisseront sur le podium.

Peugeot : un goût de revanche

24h du mans cyclo - peugeot xg2

Peugeot était proche de l’exploit,… avec un XG2 si performant et qu'on aimerait voir gagner.

 

Pour information le dernier classé, l’équipage n°2 des frères Defortescu au guidon de leur CF aurait fini premier en 1988 avec le nombre de 1146 tours parcourus et un chrono de 1'01 au tour. Malgré de nombreux déboires pour leur première participation (2 grosses chutes imposant de longs arrêts aux stands pour reconditionner la machine).

E.Defortescu sur le MBK 51 CF n°2 pendant son premier relais au cours de la 1ère heure
E.Defortescu sur le MBK 51 CF n°2 pendant son premier relais au cours de la 1ère heure

Un chassé croisé

Dès la troisième heure de course, on trouvait au commandement le XG2 Challet, suivi des 51 Mobchop et Jubault au coude à coude. Pourtant très bien partis l’équipage leader chez Peugeot. Cheron/ Pelletier/Gabrielli doit rentrer au stand pour changer l'ensemble cylindre/piston (serrage dû à un arrachement du nyckasil).

 

Remarqué en début de course, le 51 de Guilmet/Samcourt/Chollet ne peut suivre le rythme infernal mené par les hommes de tête.

 

7ème heure : le 51 Mobchop reprend le commandement à la faveur d'un changement de bougie et d'une tension de chaîne. L’avance de 3 tours est assez maigre. Derrière, grosse surprise l’équipage Réunionnais Vali/ Gordebien/Grondin sont pointés 4ème à une dizaine de tours des favoris. C'est Christian Ouvrard le patron de Chris-Moto qui est heureux.

 

9ème heure : la huit prend la tête

 

10ème heure (à la tombée de la nuit) : le XG2 Challet reprend l’avantage laissant le 51 Mobchop à un tour suite à la chute de Nicolas Berthome détruisant assez sérieusement la bécane. Derrière Commisso/Caubel/Pacherie sont toujours à l’affut faisant une course sage.

 

Tour après tour, le XG2 creuse l'écart, les pilotes roulent vite (à noter cependant l'arrêt définitif de Marc Lhoest qui n'arrive plus à tenir sa place dans l'équipage. Le XG2 Challet compte en effet près de 15 minutes d'avance sur le 51 Jubault. Le moteur du XG2 respire la santé. Comme ses pilotes Eric Nouzille et Stéphane Masse d’ailleurs se relayant toutes les heures à un rythme infernal enchaînant tous les tours sous la minute. Stéphane Massé en profitera pour battre le record de la piste Mancelle en roulant en 59.00 et cela en pleine nuit., bien panneauté par un tableau d'affichage lumineux.

 

Derrière il se passe des choses. Fourel vient de rentrer au stand. Le temps de réparer une patte de pot d'échappement brisée et la machine laisse sa place de second à Commisso/Caubel/Pacherie. De leur côté le team Zonzon Rekiba/ Guyot/Kuhn pointés 18ème à la 2ème heure, entament une superbe remontée et talonnent les réunionnais de Chris-Moto

 

16ème heure : L’équipage Commisso/Pacherie/Caubel s’empare de la seconde place.

 

19ème heure : Rota-Nodari/Berthome/Fourel sont revenus. Le soleil chauffe très fort la piste de l'ACO permettant ainsi de soutenir des moyennes très élevées, les stands sont le théâtre de pas mal de coups de théâtre. C'est d'abord le 51 Jubault qui s'arrête, les pneus et la transmission ne suivent plus. Cet arrêt prendra 5 bonnes minutes, juste le temps nécessaire à Fourel/Berthome/Rota-Nodari de reprendre la seconde position.

 

La machine n°2 pilotée alors par Massé (qui possède alors une avance confortable d'une quinzaine de tours) rentre alors au stand, avec un problème de perte de puissance. Le temps de diagnostiquer et de réparer (changement de clapets et de bobine) la machine repart avec un seul tour d'avance. L’équipage de Pascal Fourel croit de plus en plus en une victoire possible. Les dernières heures seront longues,… l'écart diminue.

 

Les 3ème sont à 3 tours.

 

21ème heure : Le xg2 Chalet a réussi à recreuser l’écart avec 3 tours d’avance. Mais c’est difficile de tourner à 2 dans les conditions rencontrées.

 

24ème heure : Il n’y a plus qu’un tour trois quart d'avance pour les leaders au moment de rentrer dans la dernière heure de course. A raison d'une seconde par tour de différence, Thierry Rota-Nodary qui se défonce sur la piste ne pourra refaire le retard à la régulière. Eric Nouzille est fatigué,… il sait qu'il a gagné.

 

A 35 minutes de la fin, coup de théâtre le Peugeot avec Nouzille à son guidon est en panne sur l'escargot (la partie sinueuse du circuit). Le diagnostic est vite fait, la chaîne a sauté. Le temps de la remettre, un autre problème alors, la machine ne redémarre pas (courroie trop usée). Il pousse alors la machine jusqu'au stand,... L’équipage de la n°9 perd le commandement à ce moment-là.

 

15 h le drapeau à damiers s'abaisse sur la machine de Rota-Nodary concluant ces 24h de folies.

L'équipage vainqueur de cette 15 ème édition des 24h cyclo du Mans. Pascal Fourel, Thierry Rota-Nodary et Nicolas Berthomé.